Intervention de M. Frantz TAITTINGER
J'aborderai les thèmes de l'hôtellerie, de la politique, et la compatibilité entre la vie professionnelle dans une entreprise avec la politique.
L'HOTELLERIE :
Mon parcours politique et hôtelier est extrêmement lié à nos activités familiales. Le grand groupe que je dirige est le seul qui soit familial dans le secteur hôtelier. Envergure est le 2ème groupe d'hôtellerie économique en Europe avec les chaînes Campanile, Climats de France, Kyriad, 1ère Classe, Côte à Côte, Bleu Marine. Nous avons également une activité 4**** (Hôtel Martinez à Cannes).
Notre entreprise est souvent comparée au Groupe Accor qui est le plus grand groupe hôtelier européen, mais sa façon de travailler est très différente de la nôtre.
L'hôtellerie n'est pas un métier de mode. Il existe depuis des siècles, et si l'on propose un produit d'un rapport qualité/prix intéressant, on est assuré de la pérennité. Heureusement, car c'est une industrie lourde, où la rentabilité des investissements se mesure sur 15 à 30 ans. C'est un métier plaisant, concret, où l'accueil est essentiel. Notre groupe familial s'est intéressé à ce secteur il y a 30 ans, mon grand-père ayant à la fin de la guerre racheté une entreprise qui comportait de l'hôtellerie. Nous nous sommes développés dans les années 1976 lorsque l'hôtellerie économique a pris le pas sur la partie luxe composée par le Concorde Lafayette, le Crillon, le Lutétia, qui était la base de notre activité même par rapport à Baccarat, aux Champagnes, à la chaîne Concorde qui sont les 3 grosses entreprises que nous avons dans notre famille. Ce qui m'a toujours intéressé, c'est le côté création, développement. Nous avons aujourd'hui 900 établissements avec la volonté de doubler le parc au niveau européen dans les 4 à 5 années à venir. Ce marché est très porteur. Nous allons développer l'activité touristique, car avec l'arrivée des 35 heures les gens se déplacent moins pour leur travail. Ce qui n'est pas simple, nos établissements étant généralement à la périphérie des villes et à côté des entreprises. Notre groupe essaie de conserver le côté familial de l'actionnariat. Notre famille contrôle encore 70% de l'entreprise. Mais ce sera difficile de continuer dans les années qui viennent compte tenu, des frais de succession, de l'ISF et de la volonté des uns ou des autres de vouloir poursuivre ces activités. Ma sœur est Présidente de la société du Louvre (société mère d'Envergure) et je suis Président d'Envergure. Aujourd'hui, celui qui n'est pas capable de diriger une entreprise, quelque soit son nom ou la famille à laquelle il appartient, est voué à l'échec. La succession au niveau de l'actionnariat nous préoccupe. Notre objectif est de rester familial le plus longtemps possible. Dans l'hôtellerie économique, le groupe possède 900 établissements, avec 10.000 salariés. Nous contrôlons directement 3.000 salariés, avec les hôtels qui nous appartiennent, dont 400 sont au siège. La moyenne d'âge est de 27 ans.
Nous n'avons jamais réussi à avoir la moindre représentation syndicale dans notre groupe. Dans les discussions au CE j'ai du mal a avoir des interlocuteurs qui soient capables de répondre aux problématiques qui sont posées et cela m'a manqué. Au siège (220 cadres sur les 400 employés) nous avons mis en place la RTT sans pouvoir toucher les aides de l'Etat, car nous n'avions pas de représentant syndical et, personne n'a voulu le devenir pour l'occasion. Les interlocuteurs nationaux sont dans un syndicat hôtelier et ne sont pas au fait de notre problématique. J'ai été l'un des seuls présidents de groupe hôtelier à signer un accord avec le gouvernement alors que je suis député de l'opposition, mais je suis convaincu que dans l'hôtellerie les gens travaillent beaucoup trop. J'ai reçu de la part de la profession des critiques ouvertes, mais cela ne m'a pas dérangé car lorsque l'on parle concrètement des problèmes, tout le monde est d'accord. Lorsque l'on est Président d'un syndicat de l'hôtellerie française il y a des positions que l'on ne peut pas toujours tenir. L'accord signé consiste à passer de 43h à 39h, puis à 35h dans les 6 ans à venir. Cela convient à la rentabilité de l'hôtellerie où les frais de personnel représentent entre 30 et 40%, et où l'on ne trouvait plus personne pour travailler dans ces métiers. Aujourd'hui 80 % des élèves des écoles hôtelières arrêtent avant la fin de la formation. Sur les 20% restant, 80% arrêtent au bout d'un ou deux ans. Notre principal problème est de trouver du personnel et souvent la réduction du temps de travail a été un argument très positif. Nous l'avons mise en place à l'hôtel Martinez (1.500 personnes) et nous avons trouvé du personnel. 70% des salariés de l'hôtellerie sont payés au SMIG. Seuls les directeurs sont cadres. Le personnel travaille le week-end et le soir. Il faut certes faire de la politique mais aussi se rendre compte de la réalité du terrain. Certaines personnes de mon groupe parlementaire me l'ont reproché en disant que j'avais passé des accords avec Mme AUBRY. Je suis un des rares chefs d'entreprises élu à l'Assemblée Nationale. Je participe à toutes les réunions et je préside tous mes Comités d'Entreprise. Je me rends compte d'un certain nombre de problèmes liés à l'hôtellerie. L'hôtellerie a un avenir formidable à partir du moment que l'on sait proposer aux clients des prestations à un prix normal, c'est un métier vivant où l'on est remis en cause tous les jours. Nous n'avons pas été touché dans l'hôtellerie économique par les événements du 11 septembre, par contre dans l'hôtellerie de luxe on a perdu 30 à 40% de nos clients à Paris (pas à Cannes). Dans l'hôtellerie économique je suis plus touché par la météo. Ce qui est perdu dans l'hôtellerie n'est pas rattrapable (à l'inverse d'autres secteurs comme l'automobile où l'achat peut être différé). Je regarde peu les prévisions de gestion car elles sont peu fiables.
LA POLITIQUE :
A l'origine j'étais pilote d'avions et d'hélicoptères. A 25 ans mon père qui reprenait une activité professionnelle après avoir arrêté la politique m'a demandé de venir travailler avec lui. Il avait été député, Maire de Reims, Ministre (plusieurs fois sous Georges Pompidou). Je suis arrivé dans ce métier en 1977 alors que l'on venait de créer la chaîne Campanile. Je n'étais pas hôtelier, mais en tant que client on sait déjà évaluer ce qui est bien ou pas. J'ai lancé le groupe et suis venu habiter à Asnières par hasard en 1981, et n'avais pas du tout l'intention de faire la moindre carrière politique. J'avais plutôt souffert de celle de mon père qui se traduisait pour moi quand j'étais enfant, par des absences nombreuses. J'ai connu le Maire d'Asnières à l'époque par hasard, et en 1989 il m'a demandé de faire partie de sa liste car cela lui faisait plaisir d'avoir un Taittinger sur sa liste. J'ai accepté, en précisant que je ne pourrais pas y consacrer beaucoup de temps. Nous avons été élus et je m'y suis intéressé. A l'époque le député, M. Tranchant, n'était pas en odeur de sainteté à Asnières où il ne venait jamais. Les élus, un peu vieillissants, n'habitaient pas pour la plupart la ville. Les gens oublient que c'est une fonction et non un métier et ils ont souvent du mal à mettre fin à leurs activités, malgré le peu de temps qu'ils y consacrent. Je me suis présenté aux élections législatives et pris au jeu, je me suis mis à fond dans cette fonction. Si je n'avais pas été Président de ma société qui appartenait à ma famille, je n'aurais pas pu le faire, car j'y ai consacré 95% de mon temps. Je me suis fait seconder au mieux dans mon groupe mais cela n'a rien à voir, il y a toujours des dérives, notamment dans un groupe familial. Je pense qu'il y a incompatibilité en France à faire des affaires et de la politique. C'est la raison pour laquelle on retrouve très peu de chefs d'entreprise en politique.
Nota : et encore moins de salariés cadres du privé
J'ai eu la chance que mon père me dise qu'il me maintiendrait à mes fonctions car autrement j'aurais beaucoup hésité. J'aimais ce que je faisais, je ne concevais pas la vie politique comme un métier. En France, on est condamné à avoir dans l'univers politique des gens dont c'est le métier, ou des fonctionnaires qui retrouveront leur poste à la fin de leur mandat. A l'Assemblée Nationale il y a donc par conséquent beaucoup de gens qui sont loin des problèmes du concret et c'est dommage. Dans les autres pays ce n'est pas très différent L'Assemblée Nationale est une chambre d'enregistrement. Dans une entreprise comme la France, c'est le gouvernement et les ministres qui gouvernent. Ils font approuver des lois par les 2 assemblées qui n'ont pas de pouvoir réel. De temps en temps il y a des députés qui sortent du lot sur des sujets précis, mais en général le pouvoir est dans le gouvernement. Je relaie beaucoup de demandes de tous ordres, de mes concitoyens. J'ai fait le choix de rester dans mon groupe et d'abandonner ma fonction politique que j'ai conservée pendant 13 ans et que j'ai essayé d'exercer au mieux. Ce n'est pas définitif, mais je vais me consacrer le mieux possible à faire prospérer ce groupe et à m'occupe des gens.
La vie politique est excessivement décevante. C'est un milieu médiocre, de trahison permanente, beaucoup moins bien que le milieu de l'entreprise. Au niveau national c'est pareil. Le monde politique s'est détérioré (tous partis confondus) depuis 10 ans. L'image de marque dans le public est très mauvaise. Ce qui m'a le plus surpris en arrivant à la Mairie d'Asnières c'est que je me suis fais quasiment insulter par 50% des Asnièrois qui me disaient "Monsieur, il me faut un logement, du travail..." On est déconsidéré, à force de dire : je vais faire cela et ne pas le faire. La France a un budget ; on ne peut pas dépenser l'argent que l'on n'a pas. Concernant le problème des médecins, tout le monde est convaincu qu'il faut les augmenter, mais lorsque cela représente plusieurs milliards à un moment donné il y a des choix à faire. C'est le même problème avec la TVA dans la restauration. Tout le monde est d'accord pour la mettre à 5,5%, cela représente 3 ou 4 milliards, comment fait-on ? Dans les revendications politiques les gens ne se mettent pas à la place du gestionnaire qui doit résoudre le problème.
Autre exemple, comment va-ton résoudre le problème du financement des 35h ? Il va y avoir un vrai problème de budget. Le Maire a l'avantage d'avoir 6 années devant lui pour travailler, mais au niveau national on est remis en cause sans arrêt. On est constamment en campagne électorale (municipale, régionale, européenne). La politique et l'entreprise ne sont malheureusement pas compatibles. L'expérience que j'ai faite m'a été extrêmement profitable. Il y a des gens bien dans ce milieu. 80% des députés ne sont pas médiatisés. Ils font un travail de terrain considérable. Mais ils se préoccupent pour beaucoup à l'heure actuelle de leur réélection. Je ne sais pas dire aujourd'hui quel est le programme de la droite. Je suis persuadé qu'il y a très peu de marge de manoeuvre aujourd'hui entre la droite et la gauche. Elle se voit seulement sur des sujets précis. Il y a parfois des idéologies qui peuvent influencer certaines choses.
Entre le rôle d'un élu qui veut se faire réélire et ses fonctions qui sont de gérer en bon père de famille une ville, une région, un pays, il y a une différence extrêmement importante.
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QUESTIONS DES PARTICIPANTS :
Q : Y a-t-il un sens à parler encore de droite et de gauche ? Les vrais clivages sont-ils encore là ? R : Non : à l'Assemblée Nationale (hormis lorsque la télévision est présente) il n'y a pas de différence.
Q : La Loi sur la modernisation sociale comporte un article qui rend obligatoire la nomination par l'AG des actionnaires, d'administrateur représentant les salariés actionnaires. R : Les représentants du personnel sont toujours au Conseil d'Administration. Dans mon entreprise les administrateurs représentent les actionnaires. Dans les entreprises comme les nôtres vous avez 2 ou 3 gros actionnaires, c'est facile. Dans une entreprise où vous avez des milliers d'actionnaires c'est différent. Si je devais avoir comme administrateur mon représentant au CE je serais d'accord. Il connaît tout des résultats de l'entreprise. Mais on ne peut comparer cette situation avec celle de Peugeot, de Total. Chez nous, il n'y a pas de connotation politique.
Q : J'imagine que le monde politique est encore pire que le monde syndical. Les positions versatiles, les vues à moyen terme, où la solidarité n'est pas toujours présente. La société ne voit plus l'équilibre entre les prestations qu'elle reçoit de l'Etat et les contributions publiques. On parle beaucoup en France de la non syndicalisation, mais il faut voir que le fait d'être syndiqué ne vous rapporte rien. R : Je vous rejoins dans vos propos. Mais si vous les tenez et qu'en parallèle vous vous présentez à une élection vous êtes battus d'avance. On raisonne sans arrêt électoralisme : quelle mesure vais-je prendre pour être élu. Aujourd'hui, dans mon milieu, beaucoup de gens quittent la France. Un tiers de ma famille est parti dans un pays où l'on ne paie pas l'ISF car autrement ils sont obligés de vendre. Ils préfèrent garder l'entreprise et partir à l'étranger. Je n'ai pas envie de partir, mais je n'ai pas envie d'être massacré.
Q : Peut on parler du statut d'élu politique ? R : Les élus politiques ne sont pas. En politique on gagne sa vie normalement, sauf les maires qui ont une petite rétribution. Ce n'est pas beaucoup mais ce n'est pas un métier. Dans les petites communes c'est du sacerdoce. Les élus en France coûtent une fortune: ils sont trop nombreux. Un député perçoit 35.000 Frs de salaire mensuel brut sur 13 mois et 100.000 Frs de dépenses mensuelles sont autorisées pour couvrir les frais de collaborateur, de permanence.
Q : Dans le groupe où je travaille, il existe, au niveau européen, une charte de déontologie qui annuellement remonte au Président tous les cas de discriminations qu'il pourrait y avoir dans la carrière des salariés qui ont des fonctions de délégation ou de représentation syndicale. Si vous étiez instigateur d'une telle idée dans votre groupe, cela serait compris dans un sens très positif. R : Les informations qui remonteraient par les délégués syndicaux je les ai aujourd'hui en direct. Pour les choses officielles, plus techniques il nous manque des interlocuteurs. L'hôtellerie de luxe est très syndiquée. Au Martinez j'ai tous les syndicats. Dans le Groupe Envergure j'aimerai avoir cette situation, mais ce n'est pas évident. Notre façon de manager est très proche des gens.
Q : Les hommes politiques, même s'ils sont sérieux, ont un peu tendance à une dérive sur l'utilisation des fonds publics. L'Euro, avec ses conséquence fiscales, ne risque t-il pas d'avoir des effets plus contraignants sur certains comportements anormaux ? R : Je crains que non. On vient de se rendre compte il y a quelques mois qu'il y avait des caisses secrètes dans les ministères. De tout temps cela a existé. Mais comme l'opinion publique vient de s'en mêler on fait ce qu'il faut. Il y a de nombreux exemples comme celui-ci. Le budget de l'Assemblée Nationale (plusieurs milliards) n'est jamais discuté. Ce n'est pas normal. Lorsque l'on a besoin de bureaux on achète l'immeuble d'en face à n'importe quel prix. Il y a des secteurs à financement public où il y a une gabegie incroyable.
Q : On peut développer un pays en augmentant les impôts mais également en développant son activité. R : Je suis totalement d'accord. Il ne faut pas transformer l'Etat en une entreprise, mais presque. Le chiffre d'affaires de L'Etat provient des impôts. Il faudrait le gérer intelligemment, comme une entreprise. L'Etat nous matraque fiscalement mais il nous laisse libre du développement de nos entreprises. Les élus étant remis en cause en permanence, cela ne se produira pas sauf dans une crise considérable, comme c'est actuellement le cas en Argentine. Il y a un député sur 50 qui sait lire le bilan de la France dans les grandes lignes . Ils ne sont pas formés sur cela.
Q : Nous travaillons tous ici dans une entreprise où le PDG n'est pas le propriétaire. Chez PSA la politique est différente, M. FOLTZ a été contacté par la famille Peugeot dont la politique consiste à choisir comme DG quelqu'un qui n'est pas de la famille. Ils ont peut-être conscience qu'il faut un grand diplômé. La famille n'est pas forcément apte à diriger une entreprise. R : Dans mon entreprise sur les 10.000 personnes, je suis le seul de la famille à être en poste. La cousine qui s'occupe des Relations Humaines a fait toute sa carrière dans d'autres entreprises, elle est donc arrivée en tant que technicienne et non en tant que membre de la famille. Dans les autres sociétés du groupe c'est le même schéma. Je pense que chez Peugeot M. Foltz a une notion d'actionnariat familial. Je recrute actuellement un directeur général (l'ancien étant parti en retraite). Je vais lui dire :"Monsieur, vous entrez dans un groupe familial avec ses avantages et ses inconvénients. On ne peut se développer comme le groupe Accor. On préfère être moins gros et contrôler le capital. Vous avez la mission de gérer avec moi le groupe et de préserver ce côté familial". S'il ne le fait pas, cela n'ira pas.
Q : Comment gérez-vous votre politique salariale ? R : On n'a jamais eu affaire à du chômage technique. Dans l'hôtellerie le turn-over est fréquent à tous les niveaux. Nous offrons du service, donc la masse salariale est importante. Dans l'hôtellerie de luxe, 50% du chiffre d'affaires se dépense en frais de personnel. Nous gérons souvent des gens en début de carrière et qui quelques années après se mettent à leur compte. Vous dîtes souvent qu'il faut éviter les primes pour les cadres, mais augmenter les salaires. Les salariés qui gagnent moins de 10.000 Frs sont augmentés tous les ans, mais les cadres (dont j'ai toujours fait vérifier par des organismes extérieurs que leur salaire était conformes au marché) reçoivent des primes relativement importantes. Comment puis-je faire autrement, car lorsque qu'un événement comme celui du 11 septembre décime ma clientèle les salaires passent à 80% de mon chiffre d'affaires.
Q : Que pensez-vous : - des chefs d'entreprises, qui n'ont aucune obligation de résultats ? - du système de cooptation dans les Conseils d'Administration ? Les questions sont bridées du fait que les administrateurs assistant au Conseil d'Administration d'une société sont invités dans une autre société. Ce triangle fatal nuit au développement de ces sociétés. R : Moi aussi, je suis scandalisé quand je vois la composition des Conseils d'Administration où l'on voit toujours les mêmes personnes. Il y a des gens bien mais le système est catastrophique. Beaucoup de ces présidents ont en-dessous d'eux des gens qui gèrent les sociétés. Les administrateurs y sont rémunérés par des jetons de présence importants. M. Messier par exemple choisit ceux qu'il veut car son actionnariat est totalement dilué. La réforme est plus difficile que la constatation.
Q : Vous avez subi il y a quelque mois l'attaque d'un raider américain qui vous reprochait d'avoir une rentabilité insuffisante. Le fait que vous soyez un groupe familial ne vous permet pas de privilégier une politique à long terme plutôt qu'une politique à court terme visant une rentabilité immédiate. R : Dans ma famille beaucoup de gens sont actionnaires et ne sont absolument pas dans l'affaire. Même si l'entreprise se développe ils ont un capital qui remonte peu de dividende (1% par an). Les gens qui n'ont pas d'autre intérêt que d'être simple actionnaire et qui paient de l'ISF vous disent : "Soit vous augmentez les dividendes et je pourrai conserver mes parts, soit je vends". Nous avons cette problématique. Nos actionnaires américains ont oublié que nous possédions 70% de l'entreprise, et plus ils ont attaqué la famille plus elle s'est ressoudée. En final ils sont sortis du capital.
HB
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