Intervention de M. Jean Baptiste de Foucauld
Je voudrais évoquer les implications entre le syndicalisme et l'exclusion, et vous parler de notre expérience avec notre association : " SOLIDARITES NOUVELLES FACE AU CHÔMAGE " (SNC). Nous avons créé cette association comme un moyen pour des citoyens qui côtoient des personnes en situation de chômage et se sentent désarmés pour leur venir en aide. Nous gérons des " groupes de solidarité ", de 10 à 15 personnes, qui se réunissent mensuellement, et mettent en commun de leur temps pour ceux qui peuvent en disposer, et de l'argent, pour venir en aide aux chômeurs, essentiellement de longue durée. Lors de chaque réunion mensuelle, sont abordés les cas de personnes susceptibles d'être aidées, il est mis à leur disposition un binôme de deux " parrains accompagnateurs ", qui vont rencontrer la personne et réfléchir avec lui sur son parcours de recherche d'emploi.
Le partage du temps : Pour un chômeur, il y a eu d'abord le choc déstabilisant du licenciement. Parfois, il peut retrouver rapidement un emploi, mais en fonction du marché et de son expérience, ses tentatives peuvent échouer les unes après les autres. Le découragement s'installe, puis la peur du contact avec les autres, ce qui aboutit à un rétrécissement des liens sociaux. Les services publics et d'assistance sociale existent, et nous n'entendons pas les remplacer, mais leur manque de temps du fait de l'amplification des problèmes sont débordés. La possibilité de rencontrer deux personnes avec lesquelles ce chômeur pourra faire du " brain-storming " sur son problème s'avérera une aide précieuse pour lui. Lors des rencontres mensuelles, chaque " binôme " rapporte son expérience, et peut de ce fait, profiter de l'expérience et des conseils des autres membres de l'équipe.
Le partage des revenus : Lorsque la recherche d'emploi n'aboutit pas, ou paraît longue et difficile, grâce à l'argent collecté (provenant uniquement de la solidarité privée), l'association est en mesure de financer ce que nous appelons un " emploi de développement ", ou de transition, qui consiste à fournir un travail de six mois à un an que nous subventionnons à hauteur du SMIG, dans une association, pour faire un travail utile à la société : on embauche quelqu'un qui aide une association qui mène des actions de solidarité à se développer. Nous essayons de créer des groupes dans les entreprises. Nous avons aujourd'hui un réseau de 80 groupes dans toute la France, comprenant chacun une dizaine de personnes, qui accompagnent chacun autant de personnes ; 1500 donateurs, et, nous finançons en permanence une cinquantaine de contrats de travail, dans les associations les plus variées. Si l'on veut arriver à une véritable justice sociale, il faut à la fois des institutions et de l'implication. Dans le monde anglo-saxon, il y a peu d'œuvres sociales, mais elles sont remplacées par des actions caritatives. Chez nous, il y a de grosses institutions, mais il pourrait y avoir un peu plus d'implications. Les deux formes sont complémentaires.
Cette expérience m'a amené à réfléchir sur le sujet de l'exclusion. Il faut bien distinguer l'exclusion, hors du travail, de l'exploitation. Le syndicalisme s'est créé pour lutter contre l'exploitation, mais à l'époque où il s'est créé, il n'y avait pas de différence très grande entre la situation de l'exploité et celle de l'exclus. Il n'y avait ni droit du travail ni statut de la protection sociale. Aujourd'hui, une personne en chômage de longue durée perd beaucoup plus que son emploi. Elle perd ses liens sociaux, qui ont toujours tendance à se rétrécir, là où il faudrait au contraire densifier le lien social, elle perd son identité, son estime de soi . Nous découvrons lors de nos actions, que la crise de l'emploi est une crise du lien social et une crise du sens. Plus la crise est profonde, plus la personne risque de se détruire. La reconstruction passe autant par la renaissance du sens, du goût de vivre et du lien social que par l'emploi.
La différence entre l'exploitation et l'exclusion, c'est d'abord que dans l'exploitation, il y a un lien social. Dans l'exclusion, il n'y en a plus.
L'exploitation met en jeu des personnes regroupées par leur travail, donc une capacité collective d'organisation et de réaction. Dans l'exclusion, les personnes sont seules. Autant l'exploitation homogénise les mécontentements, autant l'exclusion hétérogénise la situation. Ce sont des trajectoires individuelles. Le phénomène collectif ne fonctionne plus. Pour lutter contre l'exploitation, il y a des moyens tirés de la loi et de la force. Avec l'exclusion, il ne reste que l'initiative, le contact avec les personnes, l'écoute, en tenant compte souvent de l'agressivité légitime de ces personnes. Il faut arriver à redonner une place à ces personnes. Un des buts poursuivis par nos emplois de développement financés par des subventions est d'arriver à redonner une place à ces personnes, à leur redonner confiance et redonner un sens à leur vie. Il s'agit d'une première phase vers une suite dans un autre travail, soit dans l'association soit ailleurs. La lutte contre l'exclusion est une culture différente de la lutte contre l'exploitation. Compte tenu de la situation, le concept politique de lutte contre l'exclusion n'a pas l'ampleur qu'il devrait avoir. Une des solutions proposées correspond au développement de l'exploitation pour diminuer l'exclusion ce qu'on pourrait appeler la "solution libérale ". En réalité, il faut se battre sur les deux fronts. Car la montée du chômage dans nos sociétés a entraîné une augmentation de l'exploitation. Le fait d'avoir une masse de main d'œuvre disponible a donné aux chefs d'entreprises des moyens de pression beaucoup plus forts sur les salariés. On arrive à la liaison entre exclusion et exploitation à la situation de précarité. Le problème est de lutter contre les deux. C'est bien là le problème européen. C'est une question qui doit rester au centre du débat social, qui doit être traitée en tant que telle, et que l'amélioration de la conjoncture économique ne doit pas nous faire oublier que le chômage est encore de 9% (lors de la création de notre association, en 1985, le chômage était plus bas qu'aujourd'hui dont 700.000 chômeurs sans aucun revenu). Même si le plein emploi semble devenir une possibilité proche, nous n'en sommes pas encore là et il s'agit encore d'une réalité virtuelle. La situation devient de plus en plus difficile du fait que les normes d'accès au travail sont devenues plus compliquées. Pendant les " trente glorieuses ", pour trouver du travail, il suffisait d'avoir un peu de force musculaire, ou avoir de la volonté de travailler, mais les exigences que l'on demandait aux personnes pour travailler en terme de qualification, d'implication et de relation étaient relativement faibles. Aujourd'hui, il faut être qualifié, maîtriser des tas de techniques, auxquelles il faut ajouter l'informatique, et surtout des qualités de relation, d'intégration dans les équipes, d'implication, et ce pour des cadres, mais même pour des emplois beaucoup plus modestes. Maintenant, les personnes qui n'ont pas ces qualités, alors qu'ils étaient bien intégrés par les processus productifs, peuvent être l'objet de ces causes de difficulté d'intégration et d'élimination. Il s'agit bien de nouveaux facteurs d'exclusion.
Nos politiques publiques, doivent impérativement en tenir compte. Par exemple, la situation des Contrats Emplois Solidarité (C E S), employés à mi-temps, alors qu'ils désireraient travailler à plein temps est anormale. Actuellement, il y a tout un discours sur les compléments de revenus pour les bas salaires. C'est une fausse question, car la première priorité est bien de donner du travail aux gens. De même, la formation pour beaucoup de jeunes qui sortent sans qualification, est LA priorité. De même pour tous les contrats aidés : CEC, CIE, CES : il en faudrait beaucoup de disponibles, chaque fois qu'il y a des capacités créatrices.
Le Syndicalisme, doit aussi prendre en charge cette question de l'exclusion et élargir sa vision au-delà de la lutte contre l'exploitation. Il faut prendre en compte la capacité de prendre en charge la dimension personnelle des "exclus" pour leur permettre de réintégrer le système productif et leur place de citoyen dans la société. La constitution nous dit que chaque homme a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi, sinon le droit à des revenus lui permettant sa subsistance. Le syndicalisme a une opportunité d'élargir son domaine d'activité. Dans la construction des revendications, le quantitatif et le qualitatif sont complètement liés. Revendiquer exclusivement pour des hausses de salaires n'avancent à rien vis à vis de l'exclusion, et à la limite provoquer celle ci par des effets indirects. Le chômage conjoncturel, qui est une conséquence d'une certaine politique économique tend à se résorber avec la reprise économique. Ce n'est pas le cas du chômage structurel, engendré par un coût du travail supérieur à la productivité marginale (le travail plus cher que ce qu'il rapporte), malgré les lois de "lutte contre l'exclusion". Comment résorber l'écart entre le coût du travail et sa productivité ? En augmentant l'employabilité de la personne par la formation, l'expérience, par le fait de travailler ; par des investissements en capital pour compenser l'insuffisante productivité du travail (ce que peut faire l'informatique), ou en réduisant le coût du travail ( mais non la rémunération).
Les organisations syndicales doivent s'intéresser autant au qualitatif qu'au quantitatif. Ils doivent aussi avoir des liaisons plus étroites avec les organisations de chômeurs et de solidarité avec les chômeurs, dans la mesure ou elles ne sont pas à même d'organiser des services pour leurs adhérents qui deviennent chômeurs. Toutes les organisations syndicales s'y sont essayés avec plus ou moins de bonheur, toujours des difficultés. Un demandeur d'emploi ne doit pas rester seul, mais rester en liaison avec des structures collectives, si possible avec des systèmes d'accueil propres. On peut regretter que dans les négociations UNEDIC, il n'y ait pas eu de concertation avec les associations de chômeurs, qui avaient sûrement des propositions à faire. Par exemple, j'aurais bien vu un bonus-malus sur les cotisations d'employeurs en fonction de leurs pratiques de gestion de leurs ressources humaines. Toute la question est d'organiser un équilibre entre la flexibilité et la sécurité, qui devraient être la base du contrat social de demain. C'est d'ailleurs le sujet du conseil européen de Luxembourg de 97,
Le sujet des aides est également essentiel : doivent-elles êtres conditionnelles ou non ; et si oui conditionnées par quoi ? Le RMI est dans le texte plutôt conditionnel. (la condition demandée est l'engagement à une insertion professionnelle). Le problème est dans la gestion de cette condition. Ce problème au niveau du RMI va se retrouver identique au niveau du PARE. De même, les aides au entreprises ne devraient-elles pas être conditionnées par des négociations sociales, afin que l'usage en soit optimal ? Nous avons tous à améliorer le "contrat social" aujourd'hui, mais cette question de l'exclusion doit y être intégrée, et doit devenir une préoccupation de tous les acteurs, et en particulier des acteurs syndicaux.
QUESTIONS DES PARTICIPANTS :
Q : Vous avez évoqué le chômage structurel. Vous n'avez pas évoqué le cas des entreprises qui cherchent des qualification bien spécifiques qu'elles ne trouvent pas sur le marché. Cette situation est directement le résultat d'une carence de la politique publique, en terme de formation et de mise à niveau. R :Le drame que l'on risque de rencontrer dans quelques années, c'est d'entendre un grand discours sur les difficultés (réelles) de recrutement, et de l'autre un chômage d'exclusion qui resterait important (peut être vers 5 à 6%) que l'on présenterait comme le résultat d'un manque de volonté de travailler. C'est d'ailleurs un risque que peut entraîner un découragement au bout d'une certaine période de chômage. C'est là que l'accompagnement devient central. C'est vrai aussi qu'il serait bon de créer des passerelles entre les entreprises qui ont des difficultés de recrutement et les chômeurs en difficulté, via par exemple les associations d'insertion. Nous réfléchissons d'ailleurs à des parcours de ce type dans notre association.
Q : Conseiller du salarié, je vois au moins un licenciement sur deux non motivé par des causes réelles et sérieuses, mais conséquence de problèmes relationnels et d'implication, beaucoup plus souvent que pour des raisons de qualification. R : Votre question abouti à une autre : comment produit-on des compétences relationnelles ? C'est un bon sujet de réflexion pour un de vos prochains conférenciers.
Q : Le syndicalisme est effectivement impliqué par l'exclusion. Citons l'exemple de nos trop nombreux collègues, anciens salariés d'une grande compagnie pétrolière, qui se sont retrouvés sur le marché de l'emploi à la suite de restructurations. Nous avons l'exemple d'un collègue réinséré deux ans après son licenciement, alors qu'il en était au bord de l'exclusion. Les évènements nous mènent tout droit à nous intéresser au phénomène de l'exclusion, même si du fait de notre population, nos actions sont peut être spécifiques. - La gratuité peut être de mise quand il s'agit d'aide personnelle, elle est néfaste et perverse s'il s'agit d'actions vis à vis des entreprises. Elle peut aboutir à l'effet inverse de celui recherché. - Au niveau de nos syndicats, nous sommes plus à même de porter notre action sur la défense des emplois précaires et sous- payés, alors qu'il nous est plus difficile de pouvoir aider efficacement des sans emplois. - Le processus qui fait que les décideurs finissent par licencier quelqu'un s'accompagne sur le plan psychologique du phénomène de " bouc émissaire ", auquel nous devons être attentifs. On trouvera toujours quelqu'un qui a moins de capacité relationnelle que les autres et en conséquence la personne à exclure. On en arrive rapidement à un système de la " terreur ". - Au fond, on ne trouve plus personne dans notre société pour prendre des risques. Une personne en voie de marginalisation progressive, est un cas à risque. L'embaucheur ne prend pas de risque. Ce n'est pas parce que le candidat à l'embauche ne sait pas, ni parce qu'il a des difficultés relationnelles, mais plutôt à cause des difficultés relationnelles de la personne qui embauche, qui n'est faite ni humainement , ni par éducation, ni par formation, pour comprendre, pour aller au-delà de la carapace dont se protège son interlocuteur, pour aller voir quelle est la richesse qui s'y cache et ce qu'il peut apporter. L'exclusion ne se réglera pas avec des lois ni des aides aux entreprises. Tant que les recruteurs continueront à être ce qu'ils ont été ces dernières années, le problème ne sera jamais résolu. Il faut aussi aider ceux qui recherchent du travail : leur apprendre comment se comporter à un entretien, comment s'habiller, se présenter, gérer son attitude, faire des tests d'embauche " à blanc ". R : C'est exactement ce que nous faisons à " Solidarité Nouvelle face au Chômage". On a une vision en effet très rétrécie du risque, et on oublie que " l'autre " est devenu une sorte de risque. C'est un paradoxe, parce que le travail est devenu très interdépendant, et en même temps on a peur de l'autre (peur qu'il dysfonctionne, qu'il soit une menace …) Il y a des efforts à faire du coté des recruteurs et des méthodes de recrutement. Quand on est organisé dans un cadre associatif, cette question du risque de l'autre est plus facile à assumer.
Q : Dans certaines entreprises, l'amélioration de l'emploi risque d'être temporaire, car on se trouve face à une relative pénurie globale de main d'œuvre, mais surtout à une pénurie de compétences bien ciblées. Vu les investissements actuels, les entreprises sont en train de s'équiper (doublement des investissements prévus), ce qui ne manquera pas de détruire des emplois. Concernant le relationnel, on peut constater autant de fautes de l'individu qui est " viré " que de la hiérarchie qui n'a plus le temps ni de s'exprimer , ni d'anticiper. R : Tout le monde fait des fautes. Le problème est que certains payent plus que d'autres.
Q : L'âge est-il un risque, à partir de quand et comment ? R : Ce " racisme " de l'âge est un problème complètement fou dans notre société. D'ailleurs, les mêmes qui demandent l'allongement des cotisations de retraite font exactement le contraire dans la vie de l'entreprise. C'est une abomination qu'il faut changer rapidement. Nota : Aux USA, le fait de demander l'age d'un candidat à un poste, est considéré comme discriminatoire et susceptible de poursuites judiciaires…
Q : Un exemple récent : une femme de 81 ans, titulaire d'un poste (salarié) de direction dans une entreprise, vient de " virer " un salarié de 60 ans en raison de son âge… R : C'est un exemple à resservir.
Q : Conseiller du salarié, je voit passer presque 80% de cas de salariés de petites entreprises licenciés sans raisons véritables, pour motif de " faute grave ". La mondialisation, mettant en concurrence des salariés Français avec des concurrents à " faible coût " n'est-elle pas un facteur aggravant de la situation du chômage chez nous ? R : Certainement, mais pas de manière aussi dramatique que l'on décrit souvent. La mondialisation accélère la rapidité d'évolution des tissus productifs, mais l'idée que tous les emplois vont basculer vers le tiers monde est erronée. Le fait que des délocalisations se produisent font que le pouvoir d'achat augmente dans ces pays, et vont plus nous acheter. Ils sont plutôt en déficit de paiement extérieur. Le vrai problème est de savoir-faire évoluer le tissus productif pour s'adapter à l'évolution de la demande mondiale. L'accélération des changements peut être difficile pour les hommes, mais à terme ça ne crée pas une absence d'emploi chez nous.
Q : A la fin du 19e et au début du 20e siècle, ont eu lieu de très longues et très animées discussions entre politiques et syndicalistes, pour savoir s'il fallait préférer l'assistance, ou l'assurance. La Sécurité sociale c'est essentiellement de l'assurance, le RMI, plutôt de l'assistance… La " dispute " philosophique sur le sujet a toujours cours. Mais l'assistance, qui peut être parfois utilisée à titre de " clientélisme " par des politiques, ne peut-elle pas en fait devenir une source d'exclusion ? On peut rappeler un vieil adage chinois : (qui n'est pas de Mao) " si un homme a faim, donne-lui un poisson et demain il aura à encore faim, apprends-lui à pêcher, et demain il aura à manger " R : Certains plaident pour un revenu inconditionnel, qui serait de l'assistance. L'aide sociale traditionnelle était de l'assistance. Mais le RMI, du moins dans sa définition n'est pas de l'assistance, car la somme mensuellement versée est la contrepartie d'un contrat d'insertion dont le but est de sortir du RMI. L'assistance est parfois nécessaire, mais elle doit avoir un caractère temporaire (dépannage). Entre l'assurance et l'assistance, des mécanismes " micro-sociaux " de solidarité doivent se mettre en place pour compense le fait que notre société est devenue plus individualiste, afin de reconstituer des liens sociaux qui ont tendance à s'effilocher. C'est une zone de l'aide conditionnelle, qui nécessite une action collective.
Q : L'exclusion peut résulter d'un problème professionnel, suite à une faute, ou d'une injustice. Il y a aussi ceux qui se retrouvent à la rue parce que les actionnaires ont décidé d'augmenter la marge bénéficiaire, en réduisant les frais salariaux. Ne faut-il pas différencier les aides en fonction de ce type de critère ? Dans le premier cas, il faut lui apprendre à ne plus se retrouver dans ce type de situation, dans le second, il ne s'agit généralement que de retrouver un emploi pour se réinsérer. R : Avec J. P. Balligand, nous avons fait le rapport sur l'épargne salariale qui a largement inspiré le projet de loi en cours d'examen (sujet sur lequel la CFE-CGC était en pointe). Je pense que l'appropriation réelle, de l'épargne salariale en stock ou à venir, par les Conseils de Surveillance pour influencer les modes de gestion et le comportement des entreprises est une vrai question. Nous avons proposé qu'ils puissent donner des critères de gestion à considérer pour l'entreprise (par exemple des critères " éthiques ")
Q : Les mêmes valeurs ne sont pas forcément partagées par tous, et peuvent diverger en haut et en bas de l'échelle sociale. Le travail est-il la condition sine qua non de la non-exclusion ? La malédiction de l'homme " qui doit gagner sa vie à la sueur de son front " n'est peut être pas une vérité universelle. Ceux qui ont des bateaux ancrés à St Trop ne connaissent guère ce problème. Nota : les interprétations de la bible sont généralement faites en fonction de l'intérêt de ceux qui les diffusent. R :Il est exact que le travail monopolise trop les valeurs sociales aujourd'hui, tout en n'étant pas accessible à tout le monde. Les valeurs du travail et du non-travail doivent retrouver un équilibre, ce n'est pas le cas actuel.
Q : Une exclusion dont on parle peu : celle des épouses d'expatriés qui au retour se retrouvent sans travail ou dans des emplois dévalorisants. Il y a aussi le cas de ceux qui ont été " incités " à partir de l'entreprise pour créer la leur et en cas d'échec se retrouvent parmi les exclus. R : On constate effectivement un durcissement de la vie économique, et je ne suis pas sûr que l'amélioration de l'emploi soit source de progrès dans le domaine. D'ailleurs, nous réfléchissons pour un nouvel intitulé de notre association, par exemple "Solidarité Nouvelle face à un Développement Humain". Notre objet resterait le même , mais en élargissant notre champ d'action. Nous essayons d'avoir une réflexion collective avec d'autres associations, et nous serions intéressés par des partenariat avec le mouvement syndical. Dans tous ces cas limites ou on est entre l'exploitation et l'exclusion que vous avez citée font partie du lot commun. Les énumérer de manière claire, en les identifiant, et en faisant un peu de combat politique sur le sujet ferait avancer les choses. Nous avons des groupes dans l'administration, dans des communes, des groupes d'amis, ou venant d'entreprises, mais aucun d'organisation syndicale. Vous avez pourtant bien des choses à nous dire et à nous apprendre.
HB
SOLIDARITES NOUVELLES FACE AU CHOMAGE 2 Cité Bergère 75009 PARIS tel : 01 42 47 13 41 Email : snc@snc.asso.fr - www.snc.asso.fr
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